Pline l'Ancien rapporte l'anecdote selon laquelle Zeuxis avait peint des raisins si réalistes que des oiseaux, trompés par l'exécution parfaite, s'étaient précipités contre le tableau.
Malgré la pauvreté des moyens techniques dont ils disposaient, les décorateurs romains sont parvenus à imiter le relief à même les murs pour simuler la sculpture et les éléments d'architecture : colonnes, chapiteaux, soubassements, statues, enrichissant à moindres frais les intérieurs.
À l'aube du réveil de la civilisation sous la forme de la peinture irréaliste Giotto commence par utiliser des trompe-l’œil dans sa décoration de la chapelle Scrovegni (1305) à Padoue. A Florence, son élève Taddeo Gaddi imite son exemple dans le chœur de Santa Maria Novella (v. 1338). Il faut attendre plus d'un siècle pour que leurs successeurs Masolino da Panicale et Masaccio renouvellent cet exploit.
L'invention de la peinture à l'huile qui permettait le modelé se traduit immédiatement par l'imitation de la sculpture sur les volets des tableaux d'église de Van Eyck. Toutes les peintures de ses proches successeurs :
Rogier van der Weyden, Memling, Mabuse, le triptyque de l'Annonciation d'Aix ont été classées par les historiens d'art dans le genre de la « peinture sculpturale ». En Italie, au xve siècle, Antonello de Messine présente dans le Saint Jérôme de la National Gallery un trompe-l’œil.
Le Vénitien Carlo Crivelli peint un trompe-l’œil avec sa Vierge à l’enfant du musée de New York. Il a soin, en outre, d'orner chacun de ses tableaux par des fruits et des légumes en grandeur réelle, qui n'ont d'autre but que d'en affirmer la réalité.
En 1504, enfin, Jacopo de Barbari, Vénitien, exécute à Vienne un prototype des trompe-l’œil qui suivront, qui est en même temps la première nature morte, sous la forme d'une perdrix suspendue à un mur avec deux gantelets de fer (Munich, Alte Pinakothek).
Au xviie siècle italien, la peinture se détourne du réalisme pour développer ses possibilités illustratives dans de grandes dimensions décoratives. Toutefois, Raphaël n'hésite pas à souligner ses fresques grandioses du Vatican par des soubassements en camaïeu imitant la sculpture : Michel-Ange accomplit le plus grand trompe-l’œil de tous les temps avec le plafond de la chapelle Sixtine. Sandro Botticelli et les peintres du Quattrocento l'avaient déjà entourée par les images des papes en fausses sculptures.
En Hollande, au xviie siècle, la nature morte atteint de nouveaux sommets. Le trompe-l’œil investit la troisième dimension en réduisant la profondeur de champ et en accentuant les contrastes.